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Violette Dorange : une précocité inspirante

Série Vendée Globe 2024 - épisode 2 sur 5

À quinze ans, Violette Dorange avait déjà traversé la Manche en Optimist, de l’Île de Wight à Cherbourg, prouvant ainsi sa détermination précoce. Aujourd’hui, âgée de vingt-trois ans, elle s’apprête à relever un nouveau défi en participant pour la première fois au Vendée Globe, dont le départ est prévu le dimanche 10 novembre 2024.

Dans un entretien exclusif accordé à Enflammé.e.s le 22 octobre 2024, la plus jeune skippeuse de cette édition partage sa passion inébranlable pour la voile, son engagement social à travers le projet DeVenir et sa volonté d’inspirer d’autres jeunes femmes à suivre leur propre chemin dans un milieu souvent perçu comme masculin.

Violette Dorange sur l’IMOCA DeVenir (Thomas Deregnieaux - Qaptur / Team DeVenir)

À seulement vingt-trois ans, vous êtes la plus jeune skippeuse du Vendée Globe. Est-ce une pression supplémentaire dans une course où l'expérience et l'âge sont souvent perçus comme des atouts clés ?

Je ne ressens pas vraiment de pression liée à mon âge. Certes je suis jeune, mais j’ai commencé la voile très tôt, en suivant un parcours classique. J’ai intégré un sport-études dès le lycée, puis poursuivi pendant mes études d’ingénieure, avant de me lancer dans la course au large à seulement dix-sept ans. Ces années d’expérience m’ont permis d’affiner mes compétences et d’accumuler une solide pratique. Avec huit transatlantiques à mon actif, cela me confère une certaine assurance.

Une fois en mer, mon âge n’importe plus. Ce qui prime, c’est l’expérience. Bien sûr, comme c’est mon premier Vendée Globe, il reste une part d’inconnu, mais c’est également vrai pour d’autres skippers à leur première participation. L’expérience est précieuse, mais la jeunesse a aussi ses forces, et c’est sur celles-ci que je choisis de me focaliser. Si, dans certains cas, mon âge peut constituer un frein, je suis convaincue que la jeunesse apporte aussi des atouts indéniables.

Violette Dorange à bord de l’IMOCA DeVenir pour la dixième édition du Vendée Globe 2024. (Josselin Didou - Qaptur / Team DeVenir)

Votre projet DeVenir met en avant un volet social fort en soutenant la Fondation Apprentis d'Auteuil. En quoi cet engagement social est-il important pour vous ?

Nous avons entamé notre collaboration avec la Fondation Apprentis d’Auteuil en 2020, et cet engagement me tient particulièrement à cœur. Cette fondation accomplit un travail remarquable en soutenant les jeunes en difficulté, qu’il s’agisse de protection de l’enfance, d’éducation, d’insertion ou encore d’accompagnement des familles. Pour moi, il est essentiel de lier ma passion pour la voile à un projet qui ait un véritable impact social.

Pouvoir vivre de ma passion est déjà une immense chance, mais si cela me permet en plus de contribuer à aider des jeunes ayant traversé des moments difficiles, c’est d’autant plus gratifiant. Ce que j’admire particulièrement dans cette fondation, c’est sa capacité à redonner confiance à ces jeunes, à leur offrir une deuxième, voire une troisième chance. Je crois aussi qu’il est crucial que les générations plus âgées fassent confiance aux jeunes, qu’elles les encouragent à se lancer.

“Le projet DeVenir incarne cette idée : montrer que la jeunesse a la capacité de se reconstruire, de porter de grands projets, pour peu qu’elle soit bien accompagnée.” — Violette Dorange

À votre âge, vous avez déjà un très beau palmarès. Pensez-vous être une source d’inspiration pour d’autres jeunes femmes ?

Il m’est difficile de dire si je suis une source d’inspiration, c’est quelque chose que je ne peux pas vraiment évaluer moi-même. Cependant, je reçois parfois des messages très touchants de personnes qui me confient avoir entrepris des projets, comme traverser la Manche en Optimist ou en Laser, après avoir entendu parler de ma propre traversée de la Manche en Optimist entre l'île de Wight et Cherbourg en mai 2016. Ces témoignages me touchent profondément.

Ce que j’espère surtout, c’est que cela encouragera d’autres jeunes filles à se lancer dans la voile. C’est un sport où nous pouvons concourir à égalité avec les garçons, et c’est l’une des raisons pour lesquelles il me passionne tant.

“Pour ma part, j’ai été très inspirée par des femmes comme Samantha Davies et Ellen MacArthur, qui ont tracé le chemin avant moi. Si, à mon tour, je peux inspirer d’autres jeunes femmes à oser se lancer, alors ce sera une belle réussite.” — Violette Dorange

La préparation d’une course comme le Vendée Globe exige une grande détermination et des sacrifices. Trouvez-vous qu’il est plus facile aujourd’hui d’être une femme dans ce milieu masculin ?

Je ne dirais pas qu'il est plus facile ou plus difficile d'être une femme dans ce milieu. Que l'on soit un homme ou une femme, chacun.e est confronté.e à des défis et des obstacles différents. Dans la voile, chacun a ses forces et ses faiblesses, indépendamment du genre. Ce qui est certain, c'est que monter un projet comme le Vendée Globe, que l'on soit homme ou femme, exige un travail considérable, de la persévérance et une équipe solide à ses côtés. Il faut aussi une part de chance. Il s'agit souvent de savoir saisir les bonnes opportunités et d'avoir les bons contacts. Le genre, au fond, ne change pas grand-chose.